Archive for the ‘Smart metering’ Category

les compteurs intelligents, une cible potentielle pour la cybercriminalité.

novembre 16, 2010

Dans un article précédent, nous avions abordé le risque pour la vie privée que représenteraient les compteurs intelligents. Plus récemment, l’apparition du virus Stuxnet qui a attaqué les systèmes de contrôle industriels en particulier en Iran attire l’attention sur una autre risque inhérents aux compteurs intelligents: la cyberciminalité. En effet, un terroriste ou autre agent malveillant pourrait privé d’électricité une grande partie d’un pays s’il parvenait à contrôlerou  perturber les systèmes informatiques des compteurs intelligents. Ce scenario catastophe n’est pas de la pure science fiction, il a été présenté par un gourou de la sécurité informatique : Ross Andeson, professeur à Cambridge. Pour en savoir plus, cet article très complet des echos.fr est à lire.

Linky, pilote des smart grids en France: quel business model ?

juin 25, 2010

En France, tous les chemins smart grids mènent à Linky. Ce projet majeur lancé il y a quelques mois par ERdF (filiale d’EDF) représente l’investissement structurant de la construction du réseau intelligent français (voir le précédent article sur Linky). On a beaucoup parlé de ce système de comptage intelligent dans une conférence organisée par Enerpresse sur les smart grids en France. Plusieurs acteurs de l’industrie (la CRE, ERdF, Logica et IBM)  ont donné des éléments concrets sur l’état des lieux actuel et sur les questions encore en suspens, en particulier au sujet du ‘business model’.

Ce qu’en pense le régulateur

Tout d’abord, il est important d’inscrire la démarche Linky dans le cadre réglementaire. La CRE (Commission de Régulation de l’Energie), représentée par Monsieur E. Rodriguez à la conférence, a joué un rôle primordial pour initier le projet. (Rappelons que même si la fourniture d’électricité est dérégulée, la distribution d’énergie – métier d’ERdF – est encore régulée). En premier lieu, la CRE a publié une étude technico-économique sur le comptage intelligent avec l’aide de Cap Gemini en 2007.  Cette première initiative, a permis de valider le modèle de ‘smart metering’ pour la France et d’explorer les solutions techniques les plus adaptées. Ainsi la CRE a donné le ton pour le projet Linky fixant des objectifs clairs:

  1. Proposer aux clients finaux une meilleure communication sur leurs consommations.
  2. Améliorer les conditions de fonctionnement du marché.
  3. Maîtriser les coûts.
    Ces deux derniers points devant permettre des offres beaucoup plus ciblée pour les fournisseurs d’électricité (prix soirée, prix week-end,….)

Dans un second temps, des objectifs complémentaires ont été établis:

  1. Contribuer à la réduction de l’empreinte carbone.
    Ce sujet, mis au goût du jour par le Grenelle de l’environnement et suivi par l’ADEME (voir l’article dédié), a été souvent évoqué dans ce blog mais n’est pas prioritaire pour la CRE.
  2. Conserver une interopérabilité du système.
    Ce point est particulièrement important pour permettre aux fournisseurs d’électricité de proposer des offres et des systèmes complémentaires (appeler ‘energy box’) pour la gestion de la consommation. En effet, ERdF ne doit pas intervenir dans de domaine ‘aval compteur’ pour respecter son rôle de distributeur.

A partir de ce ‘cahier des charges’, le projet Linky est lancé en 2008. En 2009 et 2010 250 000 à 300 000 compteurs sont en cours d’installation pour expérimenter ce nouveau système de comptage.

‘Combien ça coûte?’ et ‘Qui va payer?’

Pour répondre à la première question, les acteurs s’accordaient sur la fourchette très large de 4 à 8 milliards d’euros pour le déploiement complet de Linky. Aujourd’hui, 45 000 compteurs intelligents sont installés autour de Lyon et de Tours, sur les 300 000 que compte le périmètre du pilote.  La cible finale à 2020 est d’environ 35 millions de compteurs si l’expérimentation en cours est concluante (résultat attendu début 2011). La fin de ce pilote permettra de valider un coût global plus précis.
En effet, si une partie des coûts est bien maitrisée (coût du compteur, de l’infrastructure amont et du SI), une grande inconnue demeure sur le coût moyen d’installation de ces nouveaux compteurs.  Il est difficile de savoir combien de temps un électricien prendra pour trouver un rendez vous avec Madame Michu,  dépoussiérer son vieux compteur, le démonter, en poser un neuf  et s’assurer qu’il fonctionne.

A titre de ‘benchmark’, l’étude technico-économique de la CRE évoquée précédemment proposait un modèle d’évaluation des coûts des  projets ‘smart metering’ (basé sur les coûts connus des déploiements existants). L’application de cette formule magique donne une estimation de coût d’environ 7 milliard d’euros pour Linky, soit  plutôt dans le haut de la fourchette.

Pour répondre à la seconde question, deux payeurs potentiels ont été identifiées : le contribuable ou le consommateur (bref, la même Madame Michu). Le modèle retenu fera plutôt payer le consommateur en impactant ce coût sur sa facture d’électricité via la nouvelle version de la TURPE (Tarif d’Utilisation du Réseau Public d’Electricité), soit le prix que payent les fournisseurs d’électricité pur utiliser le réseau RTE et ERdF. Mais ce surcout de 115 à 230 euros par compteur ne devrait pas être intégralement induit sur la facture et devrait être lissé sur 20 ans, la période d’amortissement de ce type d’infrastructure.

Qui va y gagner et combien ?

Si nous parlons de business model, c’est bien que des gains (à priori supérieurs aux coûts) sont attendus. Les deux gagnants seraient logiquement l’industriel et l’utilisateur final, soit ERdF et Madame Michu. Le gain pour cette dernière a déjà été évoqué: la réduction de sa facture énergétique. En effet, les experts et les retours d’expérience indiquent que les compteurs intelligents permettent de réduire les consommations de 8 à 15%. Cependant, la stimulation de la baisse de consommation et le montant du gain attendu pour le projet complet dépendent fortement du prix de l’électricité : Si l’électricité coûte cher, Madame Michu consommera moins avec un compteur qui la prévient de ses hausses de consommation et ERdF pourra valoriser un gain financier plus important pour la même quantité d’énergie économisée. Seulement l’énergie en France est très peu chère comparée aux autres pays de l’OCDE (la fameuse rente nucléaire…) et prédire les changements de prix pour les 20 années à venir est un exercice plus que délicat.

Au delà de cette équation pleine d’inconnue, ERdF, représenté à la conférence par son directeur adjoint Monsieur P. Mallet, propose d’autres sources de gain :

  • Linky améliorera la maintenance des équipements. Le compteur intelligent permettra d’alerter d’une panne basse tension mais aussi des pannes de chacun des éléments de la chaîne moyenne tension grâce à l’infrastructure de communication mise en place.
  • Des actions manuelles seront automatisées. La télé-relève est l’exemple le plus parlant mais on peut aussi évoquer la recherche de pannes sur le réseau moyenne tension (Linky permettra de donner avec précision les points non alimentés).
  • La connaissance précise des consommations par zone permettra de mieux cibler les investissements d’équipements et de nouvelles lignes, et ainsi éviter toute dépense inutile.

Enfin, au delà de ses considérations industrielles, Linky permettra aussi la réduction des « pertes non techniques ». Cette expression pudique représente les fraudes ou le vol d’électricité. Ces grivèleries seront beaucoup plus visibles avec le comptage intelligent et donc plus facilement éliminées. Monsieur Mallet n’a pas voulu en dire plus et n’a pas dévoilé de résultats anticipés sur l’expérimentation Linky. Cependant, il a glissé qu’il y avait des « éléments positifs » en l’état actuel du pilote.

So what ?

En définitive, Linky est déjà un gros projet industriel qui intéresse tous les acteurs de la filière électrique française. Cependant, seul le résultat de l’expérimentation en cours pourra valider la structure de coût et  les gains attendus, donc la solidité du business model. Courant  2011 nous serons donc si chacun des français sera équipé d’un joli compteur jaune qui lui permettra d’économiser plus d’énergie sans lui coûter trop cher ; ou si, au contraire, cette belle démarche industrielle sera remplacée par une autre approche moins coûteuse.

Google veut sa place dans les smart grids

avril 28, 2010

L’incontournable mastodonte de l’Internet débarque dans le monde des smart grids. Après le lancement de son prototype ‘Powermeter’ en octobre 2009, Google a participé à une initiative plus offensive en écrivant une lettre au président Obama, associant son nom à 46 signataires du monde de l’informatique et des équipements électriques.  Dans ce document, les industriels demandent au président de développer l’accès aux informations de consommation électrique  pour les foyers américains.  L’accès libre et en temps réel à ces informations sur les ordinateurs, et autres supports numériques, permettrait de « libérer les forces d’innovations dans les maisons et les entreprises ».  Les parties prenantes affirment que la connaissance fine des informations de consommation encouragerait les utilisateurs à consommer jusqu’à 15% d’électricité en moins. Cette baisse de la demande d’énergie (et donc des émission de CO2) permettrait une économie de 360$ par foyer .

Google Powermeter permet de suivre sa consommation électrique en temps réel sur internet. Ce service web gratuit, testé par les employés de Google depuis novembre 2009,  est une nouvelle corde à l’arc de la firme de Mountain View pour enrichir sa base d’abonnés et valoriser cette richesse aux publicitaires. Cependant le module web nécessite d’être connecté avec un compteur intelligent. Google dépend donc du déploiement de ces compteurs par les opérateurs d’électricité pour le developpement de ce nouveau produit. Les électriciens américains ne voient pas toujours l’initiative de Google d’un bon oeil, car les investissements importants dans les infrastructures intelligentes ne sont pas leur priorité.

En France, Powermeter devrait être associé au compteur linky d’ERDF (voir l’article sur linky) pour proposer une offre similaire entre 2012 et 2015 (en savoir plus sur le blog d’EDF). Les offres de ce type sont en plein développement. Une start-up française, GridPocket,  attaque le marché des services d’accès aux informations de consommation électriques en proposant une application sur les téléphones portables.

Les ‘telecontadores’ arrivent en Espagne

avril 6, 2010

Dans un article paru ce week-end,  ‘el expension’ annonce le lancement d’une campagne d’installation de 150 000 compteurs intelligents pour les clients d’Endesa. La maison mère d’Endesa, Enel, avait fait figure de pionnier en installant des compteurs intelligents pour ses 32 millions de clients entre 2000 et 2005. Cette expérience (en particulier en utilisant le même boitier qu’Enel) permet de servir les ambitions d’Endesa qui prévoit d’équiper l’intégralité de ses clients avant fin 2015, soit trois ans avant la limite fixée par la loi Espagnole. Endesa veut devenir le pilote du ‘smart metering’ en Espagne en devançant son concurrent Iberdrola qui avait annoncé fin 2009 l’installation de 120 000 compteurs intelligents.

Les ‘telecontadores’ seront d’abord installés à Malaga, Seville et Barcelone puis à Saragosse, Palma de Majorque et Las Palmas de Gran Canaria. Le coût d’installation estimé au alentours de 100 euros sera répercuté partiellement aux clients, qui se verront facturé 9 euros par an pour ce nouveau compteur.

Linky, le ‘smart metering’ à la française

mars 25, 2010

Nos concitoyens français vont bientôt voir poussé un drôle de compteur vert anis à la porte de leur maison: Linky. Grâce à ce boitier technologique, le consommateur d’électricité pourra bientôt se transformer en ‘consom-acteur’ ou en ‘pro-sommateur’. Le premier néologisme représente le consommateur soucieux de sa facture d’électricité qui pourra télécharger sur une clé USB le détail de ses consommations et adapter sa ses comportements. Le second terme représente un consommateur habitant une région venteuse ou ensoleillé qui désire installer uns source d’électricité chez lui (éolienne ou panneaux solaire). Linky permettra d’intégrer cet appareil au réseau et de mesurer l’électricité produite qui est rachetée par EDF selon les tarifs fixés par le gouvernement.

Linky apporte aussi de nouvelles possibilités aux opérateurs et aux fournisseurs d’électricité. Il permettra en particulier la facturation regulière sur une base de consommation réelle et certaines actions à distance, en particulier le dépannage de pannes accidentelles.

Développé en 2008 par ERDF puis lancé offiellement en mars 2009, l’installation des zones pilotes est en cours. 200 000 compteurs linky sont installés à Lyon cette année pour un test en zone urbaine. De même, 50 000 compteurs seront installés en Indre et Loire pour valider ce concept en zone rurale. Les partenaires techniques d’ERDF sont Itron pour les compteurs et Atos, uni a Trialog pour le système et le protocole de ourant porteur en ligne (CPL). (cf. le schéma ci-dessous qui décrit les différentes étapes d’échanges d’informations)

Nous nous réjouissons de ce pas en avant déterminant pour les smart grids en France mais ce n’est qu’un début. En effet, ERDF (ou n’importe quel autre distributeur) ne réprésente qu’un maillon de la chaîne de valeur de l’électricité. Linky devra être intégré avec les autres maillons de la smart grids pour vraiment apporter les gains promis par cette technologie. En amont, les produteurs et fournisseurs d’électricité devront mettre en place les systèmes pour analyser les données remontées par Linky afin d’adapter leur production et effacer les pics. En aval, les foyers devront être équipées d’appareils intelligents (smart appliances) capables d’accompagner cet effacement des pics en sachant se mettre en veille quand Linky le demandera, sans pour autant mettre en péril le bon fonctionnement de l’activité en cours (par exemple la cuisson du poulet dans le four ou le match de rugby à la télé) .

Un autre enjeu de Linky est le financement de ce projet colossal. ERDF sera-t-il seul à supporter les coûts ou réussira-t-il a faire mettre la main à la poche aux bénéficiaires potentiels (producteurs et fournisseurs d’électricité, commateurs industriels ou particuliers…) ?

Nous suivrons avec attention la communication autour des phases pilote en cours pour savoir si tous les français deviendront ‘smart grids friendly’ dans quelques années.

Kombikraftwerk, Kesako ?

mars 12, 2010

Kombikraftwerk est un mot allemand qui signifie littéralement ‘centrales combinés’. Cela désigne une initiative de l’université de Kassel en partenariat avec les entreprises Schmack Biogas AG, Solarworld AG et Enercon AG qui consistent à gérer une centrale électrique virtuelle constitués de sources génératrices 100% renouvelables et décentralisées. Combiner l’éolien, le solaire, le biogaz et l’énergie hydraulique et les piloter dynamiquement avec un système inforatique sophistiqué permettrait de répondre instantanément au besoin d’une ville de 12000 foyers sans faire appel à des centrales ‘carbonnées’. Cette simulation montre comment ce système permet de répondre à la demande d’électricité aussi précisément qu’en utilisant les centrales traditionnelles. Cette démarche innovante démontre avec brio que la gestion intelligente de la production et du transport d’électricité permet d’intégrer toute la capacité de production  des EnR et a l’ambition de démontrer que l’ensemble du pays pourrait se fournir en électricité 100% renouvelable. Cependant, une des composantes majeure du système est l’utilisation de centrale à biogaz qui permet la même flexibilité qu’une centrale au gaz traditionelle. On peut se poser la question de la faisabilité de la production à grande échelle de centrales uniquement au biogaz qui supplanteraient l’ensemble des centrales au charbon et au gaz traditionel. Présenté en octobre 2007 à Berlin, le projet a reçu le prix du ‘Klimaschutzpreis’ allemand ou le ‘prix de protection du climat’ en octobre 2009.

Pour en savoir plus, allez voir cette vidéo